why so serious ? (gorislav)
Invité
Why so serious ?
Les feuilles bruissaient dans les lentes inspirations du vent. Entre deux craquements boisés, le sifflement nocturne apportait par vagues la fragrance de l’humus frais mêlé de pin. Habitué à l’obscurité alourdie de la forêt, percée par les rayons d’argent d’une demi-lune imposante, Mstislav s’appuyait contre le tronc épais d’un conifère, genou à terre, et observait les sombres flèches élancées comme autant de cathédrales de la nature. Parfois le grondement apaisant des lieux était-il perturbé par un croassement rauque ou un feulement lointain. Ce qui attirait l’oreille du vampire, c’étaient toutefois les doux hululements percutant les ombres brumeuses en échos mourants. Terrain de chasse privilégié de leurs protégés à plumes, la vaste forêt bordant le domaine Ouchakov les dispersait au milieu de leurs congénères sauvages. L'oreille affutée et expérimentée de Mstislav savait cependant différencier les espèces et capter les subtiles inflexions caractérisant chaque spécimen.
Or, il ne parvenait à repérer les notes blanches, saccadées et roulées de l’une de leurs chouettes de l’Oural. Sa préférée, en plus : Nina. Il arrivait qu’en dressant l’un de ces curieux oiseaux, une complicité particulière se tissât entre humanoïde et rapace. Un siècle à les côtoyer avait rendu le patriarche plus difficile à charmer, mais cette petite Nina et ses stries noires sur son plumage immaculé... Un caractère malicieux, insolent parfois, qu’elle tempérait avec une espèce d’innocence dans sa manière de le fixer en l’observant approcher. Elle adorait asticoter Bolvan puis le regarder la tête penchée presqu’à l’envers, ce qui avait le don de lui clouer le bec. Voilà plusieurs jours déjà qu’elle n’était retournée à la volière et plus qu’une mauvaise rencontre avec un prédateur, l’on s’inquiétait qu’elle eût contracté, elle aussi, l’étrange mal qui peu à peu, désorientait les hiboux.
Mstislav soupira et quitta son poste. L’aube approchait et l’activité plus intense de la faune en cette fin de nuit l’empêcherait de toute manière de retrouver la trace de Nina. La forêt était aussi trop étendue pour s’amuser à des recherches au peigne fin. Son petit-fils gérant la volière, parti dans une autre direction, aurait sans doute plus de chance. Des traditions plus importantes à honorer l’attendaient et il avait déjà été retenu trop souvent à Saint Pétersbourg ces dernières semaines. La silhouette du vampire quitta l’ombre décharnée des conifères, puisant dans son manteau cosaque une fiole de cette potion salvatrice pour tout allergique aux rayons du jour. Son goût était passablement infect et ne manquait pas de lui nouer l’estomac mais il se gardait bien de se plaindre : le polynectar était bien pire. Il traversa une prairie déserte alors que les ténèbres du firmament se faisaient chasser par un voile mauve très pâle, annonce d’une journée fraiche, dégagée mais à l’aurore brumeuse. Il trouva quelques coquelicots en train de s’ouvrir et aperçut les premiers pétales jaunes de moutarde sauvage. A son arrivée sur la petite butte rassemblant les tombes familiales, le vampire mâchonnait une fleur de bourrache, iode parfumée emplissant sa gorge quand le silence paisible des lieux lui était toujours aussi bienvenu.
Les coquelicots rejoignirent d’autres plantes des champs dans un vase dont l’enchantement les conservait longtemps en bel état. Son regard glissa vers la pierre auréolée d’une statue d’ange.« Pardonne mon retard, Iryna. » , souffla-t-il en s’asseyant sur le bord de la tombe. Il savait pertinemment que seules des cendres occupaient ce caveau et si ce n’eût été cela, quelques restes laissés à l’appréhension du temps. Parler ainsi dans le vide était au mieux stupide, au pire révélateur d’une santé mentale piquée des vers. C’était en tout cas le seul endroit où Mstislav n’était pas rongé par quelque regret ou l’acide rancœur entamant son imperturbable sourire sarcastique. D’un ton doucereux, il résuma les dernières nouvelles de la maison comme si Iryna était véritablement là à l’écouter. C’était ainsi ; c’était son rituel de l’aube, voilà tout. Peut-être faisait-il cela en vain ; peut-être n’était-ce bénéfique que pour lui. Peut-être n’y avait-il rien, absolument rien, dans l’Après. Ou peut-être les disparus savaient-ils écouter les vivants, parfois. Qu’en savait-on ? Cependant, il se garda bien d’aborder les événements secouant les ruelles de Saint Pétersbourg au point d’amener le directeur de la justice magique sur le pas de sa porte. Le secret resterait entier avec lui, comme convenu. Déjà de leur vivant, Mstislav n’avait jamais été très bavard sur les affaires criminelles remplissant sa carrière.
Le bruissement régulier de pas feutrés perturba le cours de ses pensées. Le vampire releva un œil et au loin, aperçut la maison de bois aux abords fleuris, et sa volière adjacente. Une silhouette familière dans un épais manteau approchait en se frayant un chemin dans l’herbe dense.« On a de la visite, Solnychko*. » , lâcha Mstislav à mi-voix en tapotant affectueusement la pierre froide. Tous savaient pourtant qu’il n’aimait pas être interrompu ni dérangé dans cet endroit. Que Gorislav prenne le risque annonçait peut-être une mauvaise nouvelle – comme s’il n’en pleuvait déjà pas assez. D’un froncement de sourcils, le vampire défia les premiers rayons du jour, puis observa le lac au loin et fit mine de ne pas le voir arriver. « Tu t’es perdu, Malych ** ? » , lança-t-il cependant en le sentant arriver vers la tombe. Un ton neutre, mais froideur et méfiance n’étaient jamais loin quand il s’agissait du sang-mêlé qui avait tout à prouver.
* petit soleil
** ptit bonhomme
Or, il ne parvenait à repérer les notes blanches, saccadées et roulées de l’une de leurs chouettes de l’Oural. Sa préférée, en plus : Nina. Il arrivait qu’en dressant l’un de ces curieux oiseaux, une complicité particulière se tissât entre humanoïde et rapace. Un siècle à les côtoyer avait rendu le patriarche plus difficile à charmer, mais cette petite Nina et ses stries noires sur son plumage immaculé... Un caractère malicieux, insolent parfois, qu’elle tempérait avec une espèce d’innocence dans sa manière de le fixer en l’observant approcher. Elle adorait asticoter Bolvan puis le regarder la tête penchée presqu’à l’envers, ce qui avait le don de lui clouer le bec. Voilà plusieurs jours déjà qu’elle n’était retournée à la volière et plus qu’une mauvaise rencontre avec un prédateur, l’on s’inquiétait qu’elle eût contracté, elle aussi, l’étrange mal qui peu à peu, désorientait les hiboux.
Mstislav soupira et quitta son poste. L’aube approchait et l’activité plus intense de la faune en cette fin de nuit l’empêcherait de toute manière de retrouver la trace de Nina. La forêt était aussi trop étendue pour s’amuser à des recherches au peigne fin. Son petit-fils gérant la volière, parti dans une autre direction, aurait sans doute plus de chance. Des traditions plus importantes à honorer l’attendaient et il avait déjà été retenu trop souvent à Saint Pétersbourg ces dernières semaines. La silhouette du vampire quitta l’ombre décharnée des conifères, puisant dans son manteau cosaque une fiole de cette potion salvatrice pour tout allergique aux rayons du jour. Son goût était passablement infect et ne manquait pas de lui nouer l’estomac mais il se gardait bien de se plaindre : le polynectar était bien pire. Il traversa une prairie déserte alors que les ténèbres du firmament se faisaient chasser par un voile mauve très pâle, annonce d’une journée fraiche, dégagée mais à l’aurore brumeuse. Il trouva quelques coquelicots en train de s’ouvrir et aperçut les premiers pétales jaunes de moutarde sauvage. A son arrivée sur la petite butte rassemblant les tombes familiales, le vampire mâchonnait une fleur de bourrache, iode parfumée emplissant sa gorge quand le silence paisible des lieux lui était toujours aussi bienvenu.
Les coquelicots rejoignirent d’autres plantes des champs dans un vase dont l’enchantement les conservait longtemps en bel état. Son regard glissa vers la pierre auréolée d’une statue d’ange.
Le bruissement régulier de pas feutrés perturba le cours de ses pensées. Le vampire releva un œil et au loin, aperçut la maison de bois aux abords fleuris, et sa volière adjacente. Une silhouette familière dans un épais manteau approchait en se frayant un chemin dans l’herbe dense.
** ptit bonhomme
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
trogne : Michael Eklund (Sophia)
trigger : Aucun
pellicule :
pronom·s : Il
occupation : Agent de service de régulation des animaux magiques anti braconnage
particularité·s : Aucune
coeur : Célibataire
allégeance : Main noire
Gorislav fut réveillé plus tôt qu’il ne l’aurait souhaité, sans qu’il ne sache pourquoi. Sans doute son corps avait-il assez récupéré même si son esprit n’était pas du même avis. Dans un soupir, il se massa les tempes et décida d’aller voir les chouettes. Quitte à être réveillé, autant que ce soit pour une bonne cause. Et puis, rien ne le motivait plus à sortir de sa caverne que la noble tâche de prendre soin de ses protégés à plumes. Sautant dans ses bottes, il récupéra son manteau en fourrure d’ours fétiche, dont il ne put s'empêcher de renifler l’odeur bestiale qui en émanait. Il s'arrêta quelques instants sur le pas de la porte, laissant la fraîcheur extérieure effleurer son visage. Longeant le lac illuminé par la lune, il laissa le clapotis des vaguelettes caresser ses oreilles à mesure qu’il se rapprochait de la volière.
Il fut à peine arrivé que les oiseaux le reconnurent et lui firent des hululements de joie. Un fin sourire étira ses lippes alors qu'il commençait à se détendre. Il était dans son élément. Le sorcier profitait de ces instants précieux pour voler des caresses aux volatiles et vérifier s'ils étaient tous en bonne santé. Mais cet instant fut brisé lorsque son cousin gérant la volière l'interpella, soucieux. Une chouette, Nina, manquait à l'appel depuis plusieurs jours et cela devenait troublant. Il arrivait de rares fois que des oiseaux disparaissent le temps d’une journée, mais ils revenaient à la volière le lendemain au plus tard. Les deux sorciers partirent de suite à sa recherche. Le bois était grand et s'il y avait eu un quelconque accident alors il ne fallait pas tarder.
Le regard perçant de Gorislav scrutait du mieux qu’il pouvait cette forêt qu'il connaissait si bien alors que l'aube venait lécher la cime des arbres.
Soudain, Gorislav leva la tête et la vit, avec son plumage neige et charbon. Là, sur une branche, à quelques mètres de haut. Heureusement à première vue elle avait l’air de ne pas être blessée. Levant la main vers elle, il l'appela, lui faisant signe de venir sur son bras. La belle chouette s’élança alors en sa direction mais perdit rapidement son équilibre en vol pour venir heurter une autre branche un peu plus loin. Elle vacilla. Vrilla des ailes... et s’effondra dans l’herbe fraîche, à ses pieds, avant qu’il n'eut le temps de réagir. Gorislav, le cœur serré, prit l’harmonieuse créature dans ses bras, comme une mère bercerait un enfant. Il sentit son souffle rauque, sa respiration saccadée et son petit cœur qui battait la chamade. Il savait que l’animal était mourant. Son état ne laissait aucun doute, elle était atteinte de cette mystérieuse maladie dégénérative qui touchait bon nombre de leurs protégés à plumes. La détresse dans les yeux de l’animal le bouleversa, même si ce n’était ni la première ni la dernière fois que cela arriverait. Il retourna en direction de la maison familiale, redoutant d’annoncer la triste nouvelle à Mstislav.
Ce dernier ne pouvait faire qu’une seule chose à cette heure-ci : se recueillir auprès de sa grand-mère Iryna dont le repos éternel n’avait de cesse d’attrister son cœur. Gorislav n’était pas à l’aise à l’idée de venir troubler le recueillement de son grand-père. Il l’avait appris à ses dépens lorsqu’il n’était encore qu’un gamin. La colère que son intrusion avait engendrée lui valait encore des nœuds dans l’estomac. Mais aujourd’hui, l’heure était grave et le sorcier n’avait pas le choix. Fronçant les sourcils, l’air tendu, il mesura ses pas en approchant de la figure paternelle dont il connaissait l’attachement pour la chouette. Même sans le regarder, il savait que Mstislav avait capté sa présence. Personne ne lui échappait.
“Pardonnez moi de vous déranger en ce lieu, Diedouchka*, mais… j’ai retrouvé Nina, elle a la maladie.” annonça-t-il gravement. Nul besoin d’en dire plus, son grand-père avait compris. Aucun hibou ni aucune chouette n’en réchappaient lorsqu’ils contractaient ce mystérieux fléau. Eux même n’en connaissaient la cause. Malheureusement, ils retrouvaient de plus en plus de volatiles.
“Je me suis dit que vous voudriez la prendre une dernière fois dans vos bras…" ajouta-t-il tristement alors que la petite chouette émettait un petit hululement fatigué, reconnaissant Mstislav de ses grands yeux noisette.
* grand père
Il fut à peine arrivé que les oiseaux le reconnurent et lui firent des hululements de joie. Un fin sourire étira ses lippes alors qu'il commençait à se détendre. Il était dans son élément. Le sorcier profitait de ces instants précieux pour voler des caresses aux volatiles et vérifier s'ils étaient tous en bonne santé. Mais cet instant fut brisé lorsque son cousin gérant la volière l'interpella, soucieux. Une chouette, Nina, manquait à l'appel depuis plusieurs jours et cela devenait troublant. Il arrivait de rares fois que des oiseaux disparaissent le temps d’une journée, mais ils revenaient à la volière le lendemain au plus tard. Les deux sorciers partirent de suite à sa recherche. Le bois était grand et s'il y avait eu un quelconque accident alors il ne fallait pas tarder.
Le regard perçant de Gorislav scrutait du mieux qu’il pouvait cette forêt qu'il connaissait si bien alors que l'aube venait lécher la cime des arbres.
Soudain, Gorislav leva la tête et la vit, avec son plumage neige et charbon. Là, sur une branche, à quelques mètres de haut. Heureusement à première vue elle avait l’air de ne pas être blessée. Levant la main vers elle, il l'appela, lui faisant signe de venir sur son bras. La belle chouette s’élança alors en sa direction mais perdit rapidement son équilibre en vol pour venir heurter une autre branche un peu plus loin. Elle vacilla. Vrilla des ailes... et s’effondra dans l’herbe fraîche, à ses pieds, avant qu’il n'eut le temps de réagir. Gorislav, le cœur serré, prit l’harmonieuse créature dans ses bras, comme une mère bercerait un enfant. Il sentit son souffle rauque, sa respiration saccadée et son petit cœur qui battait la chamade. Il savait que l’animal était mourant. Son état ne laissait aucun doute, elle était atteinte de cette mystérieuse maladie dégénérative qui touchait bon nombre de leurs protégés à plumes. La détresse dans les yeux de l’animal le bouleversa, même si ce n’était ni la première ni la dernière fois que cela arriverait. Il retourna en direction de la maison familiale, redoutant d’annoncer la triste nouvelle à Mstislav.
Ce dernier ne pouvait faire qu’une seule chose à cette heure-ci : se recueillir auprès de sa grand-mère Iryna dont le repos éternel n’avait de cesse d’attrister son cœur. Gorislav n’était pas à l’aise à l’idée de venir troubler le recueillement de son grand-père. Il l’avait appris à ses dépens lorsqu’il n’était encore qu’un gamin. La colère que son intrusion avait engendrée lui valait encore des nœuds dans l’estomac. Mais aujourd’hui, l’heure était grave et le sorcier n’avait pas le choix. Fronçant les sourcils, l’air tendu, il mesura ses pas en approchant de la figure paternelle dont il connaissait l’attachement pour la chouette. Même sans le regarder, il savait que Mstislav avait capté sa présence. Personne ne lui échappait.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
Invité
Les pas lourds de Gorislav anticipaient les traits tendus que le vampire aperçut sur son visage à son approche. La boule de plumes dans ses bras annonçait la nouvelle avant même qu’il ne prononçât la moindre parole, et Mstislav ne se leva ni pour l’accueillir, ni pour observer de plus près. Il se contenta de tapoter la pierre froide, humide par la rosée, pour l’inviter à s’asseoir à ses côtés. Son visage fermé composait ce regard terne sous l’arcade sombre de ses sourcils froncés, figés dans une expression qui n’annonçait guère de beaux jours. Nina, pauvre Nina… Pourquoi l’emportait-on, elle aussi ? Il fixa ses jointures solidement accrochées à ses genoux, en train de blanchir. Une part de lui s’effilochait en une colère silencieuse quand une autre refusait la vérité, trop amère pour être avalée. Dans une lente inspiration, consentit-il enfin à accorder son attention à l’oiseau d’abord, à l’humain ensuite. Le premier accrocha son regard et à ce contact immatériel, Nina retrouva une brève lueur de malice. A moins que ce ne fut le soulagement d’être entre de bonnes mains. Le second affligeait ses gestes et ses paroles d’un tel bouleversement que le vampire crut qu’on lui annonçait la fin des temps.
Bras tendu, il invita la chouette à l’y rejoindre comme perchoir. Mais la créature battit les ailes avec bien des difficultés, claudiqua sur ses serres en trébuchant sur la pierre. Désorientation dans l’espace, perte du sens de l’équilibre comme si l’oreille interne était lésée ; il reconnaissait là les signes, en effet. Maudits présages qui entrainaient ensuite une spirale infernale pour les rapaces qu’ils ne parvenaient à retrouver.« Merci de l’avoir amenée. » Voix d’outre-tombe adressée au petit-fils, au demeurant sincère. Le vampire souleva la chouette avec précaution, la posa sur ses cuisses et tâta en un geste expérimenté l’aile cassée, probablement dans sa chute. S’il n’y avait que cela, un bon véto-mage la remettrait d’aplomb en deux temps, trois mouvements. A présent que Nina commençait à perdre la tête, combien de temps lui restait-il avant qu’elle ne fût même plus capable de s’alimenter, même en lui présentant la becquée ? Une semaine, deux… ? Et avant cela, combien d’autres blessures et accidents de vol à écumer ? Le rapace était têtu par nature et plus encore, sa nature, justement, était de voler. Les garder enfermés dans la volière pour quelque bon sentiment humain était, aux yeux du vampire, inutilement cruel.
Nina parvint à se nicher au creux de son coude gauche, une place qu’elle affectionnait pour s’endormir contre le torse de son maître, lorsque le vieil Ouchakov contemplait le crépuscule. Une narine du vampire frémit alors que de l’index, il lui grattait le coin du bec.« Allons voir le lac, joli cœur. » Et il se redressa, contourna quelques tombes pour se placer au dos de celle du grand-père qui dominait la colline, le dernier grand maestro de la fauconnerie dans cette famille. Que dirait-il aujourd’hui ? Que ferait-il ? La même chose qu’il avait enseignée à Mstislav, sans doute ; la même chose que ce qu’il s’apprêtait à faire. Appuyé contre la pierre, il pivota légèrement en direction de Gorislav. « Il y a une bouteille dans la niche, là-bas. Derrière la statue. Prend-la. » , intima-t-il en désignant la sépulture de son père Stanislav. Le vieux bougre avait toujours demandé à ce qu’on ne pleure pas sur sa tombe et qu’on en profite plutôt à porter un verre à sa mémoire. Une volonté qui en faisait le gardien idéal d’une réserve de vodka artisanale.
Son regard froid balaya la prairie puis le lac scintillant. Nina émit un faible hululement détendu et appuya sa tête contre la poitrine de Mstislav. Sa main libre serra sa baguette, quand un tic nerveux agita sa paupière au moment d’en pointer l’extrémité contre le cœur de la chouette.« Stupéfix. » , murmura-t-il, et l’oiseau s’affaissa, endormi par le sort. Il l’empêcha de tomber et, créature posée au sol herbacé, préleva une plume à l’extrémité de son aile, rémige primaire la plus grande. « Evanesco. » D’un souffle, le corps de la chouette disparut, évaporé dans le Néant, le grand tout duquel ils étaient expulsés pour former la matière. Poussière d’étoile, tu retourneras. Point d’oraison funèbre, point d’adieu formulé par le vampire, las de ce perpétuel cycle vie-mort qui s’agitait autour de lui depuis un demi-siècle sans qu’il ne prît une ride. Un court instant, il observa la plume, fit rouler la hampe entre ses doigts et sans prévenir, d’un coup de baguette, en enflamma l’extrémité pour ne la lâcher que lorsque la chaleur insupportable lui lécha les phalanges. « La trace d’un autre passage sur terre. » , commenta-t-il d’une voix austère, l’œil sec se posant alors sur le sang-mêlé.
Main tendue vers Gorislav, expectant la bouteille, il en préleva deux gorgées et la lui rendit pour être imité si le petit était d’humeur. Le breuvage brûla sa gorge mais ne lui arracha aucune grimace, contrairement aux tord-boyaux mal choisis par son épave d’ami Razumovsky. Cette tête de pioche devait avoir raison : il avait perdu son cœur pour faire preuve d’autant d’indifférence à la disparition de Nina et l’affliction affichée de son petit-fils.« On doit comprendre d’où ça vient. » , ronchonna-t-il comme pour lui-même. Si le phénomène n’avait été qu’une simple maladie, ils auraient trouvé un remède depuis le temps… « Tu as fouillé le sujet à la Douma, Malych ? » Mstislav serait bien le dernier à déposer des requêtes au ministère, désormais. La paperasse était une perte de temps doublée d’une facilité déconcertante à la faire disparaître. Mais ils avaient peut-être des archives, des rapports sur la question, auxquels Gorislav avait accès. « Personne n’a envie de s’y intéresser, je parie. Autres priorités. » Derniers mots plus acerbes que les autres : quelle était la priorité du moment à la Douma aujourd’hui ? Maintenir des apparences foireuses en attrapant de méchants rebelles ? Jouer aux apprentis sorciers de la magie noire ? Qu’importait, au final.
Bras tendu, il invita la chouette à l’y rejoindre comme perchoir. Mais la créature battit les ailes avec bien des difficultés, claudiqua sur ses serres en trébuchant sur la pierre. Désorientation dans l’espace, perte du sens de l’équilibre comme si l’oreille interne était lésée ; il reconnaissait là les signes, en effet. Maudits présages qui entrainaient ensuite une spirale infernale pour les rapaces qu’ils ne parvenaient à retrouver.
Nina parvint à se nicher au creux de son coude gauche, une place qu’elle affectionnait pour s’endormir contre le torse de son maître, lorsque le vieil Ouchakov contemplait le crépuscule. Une narine du vampire frémit alors que de l’index, il lui grattait le coin du bec.
Son regard froid balaya la prairie puis le lac scintillant. Nina émit un faible hululement détendu et appuya sa tête contre la poitrine de Mstislav. Sa main libre serra sa baguette, quand un tic nerveux agita sa paupière au moment d’en pointer l’extrémité contre le cœur de la chouette.
Main tendue vers Gorislav, expectant la bouteille, il en préleva deux gorgées et la lui rendit pour être imité si le petit était d’humeur. Le breuvage brûla sa gorge mais ne lui arracha aucune grimace, contrairement aux tord-boyaux mal choisis par son épave d’ami Razumovsky. Cette tête de pioche devait avoir raison : il avait perdu son cœur pour faire preuve d’autant d’indifférence à la disparition de Nina et l’affliction affichée de son petit-fils.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
trogne : Michael Eklund (Sophia)
trigger : Aucun
pellicule :
pronom·s : Il
occupation : Agent de service de régulation des animaux magiques anti braconnage
particularité·s : Aucune
coeur : Célibataire
allégeance : Main noire
Why so serious ?
Pauvre Nina… S’il y avait bien une chouette à laquelle Mstislav tenait énormément, c’était bien elle.
Gorislav accepta l’invitation silencieuse du vampire à s'asseoir à ses côtés. Cependant, il ne put empêcher son estomac d’être écrasé par l’ambiance pesante qui s’ensuivit, et l'absence d'attention visuelle n'aidait pas. Le remerciement de Mstislav ne fit que confirmer ses craintes quant à l’état émotionnel de l'homme qu’il considérait désormais comme son père. Il se sentait mal.
Voir la petite chouette nichée dans les bras du vampire arracha un sourire triste au sorcier. Tant de douceur pour les oiseaux venant de cet homme ayant vécu nombre de deuils et de périodes sombres. Il ne pouvait qu’être admiratif de la force de caractère de cet homme résistant à l’adversité. Gorislav resta assis lorsque son grand-père se leva. Il savait ce qu’il allait se passer. Il avait déjà vu cela pour d’autres oiseaux malades. Acquiesçant d’un signe de tête, le sorcier se leva en direction de la tombe de son arrière arrière grand-père dont les trophées emplissaient la maison et la boutique de leur éclat doré. S’emparant d’une bouteille de vodka maison, réalisée à base de patates bella rosa d’un champ voisin, il la déboucha d’un coup sec pour humer son doux parfum. Elle seule pouvait l'apaiser dans les moments difficiles.
Les prunelles tristement vides, Gorislav observa Mstislav exécuter sa manœuvre pour épargner plus de souffrances à la belle chouette. Il serra sa main sur la bouteille à la vue des cendres s’évaporant dans le vent.Une de moins… pensa-t-il. Le regard du vampire se braqua alors sur lui. Ne parvenant à le soutenir, Gorislav baissa les yeux suivit d’un soupir. Il releva la tête vers la main tendue par Mstislav en quête du breuvage que le sorcier tenait dans sa main et qu’il n’avait pas touché pour lui laisser l’honneur de la première gorgée. Il la récupéra ensuite pour boire à son tour, puis essuya d’un revers de sa manche la goutte qui perlait de long de sa barbe déformée par un rictus. La vodka était forte comme il l'aimait, autant dire qu’elle glissait toute seule dans le gosier. L’idéal pour noyer sa peine.
“Oui…” soupira-t-il. Oui il fallait absolument trouver d’où venait cette saleté de maladie. Ils étaient fauconniers pour élever les oiseaux à voler, à voyager, à se repérer… pas à mourir. Gorislav voyait déjà trop souvent la mort de pauvres bêtes lors de son travail pour que cela continue une fois de retour à la maison. Parfois, les braconniers se sachant poursuivis ne se gênaient pas pour récupérer les morceaux des animaux qui les intéressaient, puis les laissaient agoniser sur place pour faciliter leur fuite face aux forces de l’ordre. L’agent anti braconnage n’avait alors d’autre choix que d’achever en douceur la pauvre bête qui de toute manière succomberait à ses blessures. Ce n’était jamais une partie de plaisir, sauf lorsqu’il retrouvait les braconniers dont les dents venaient compléter l’ornement de sa baguette. Mais pour cette maladie des hiboux il n’y avait à l’heure actuelle aucun coupable sur qui se défouler pour lui faire payer toutes ces morts. Aucun ! Et cela rongeait le sorcier.
“Oui. Aucune requête à ce propos n’a été entamée par qui que ce soit. J’ai cherché parmi les données auxquelles j’avais accès à la Douma mais j’ai rien trouvé là-dessus parmi les archives récentes.” expliqua-t-il gravement avant de continuer “Je vais continuer à remonter dans le temps dans les archives pour voir ce que je pourrais trouver.” Il y avait passé du temps là-bas, et tout ça pour quoi ? Du vent. Il aurait préféré passer ce temps-là à la volière plutôt que des nuits blanches à farfouiller des vieilles pages poussiéreuses. Déjà que la lecture n’était clairement pas une passion… il ne faisait aucun doute qu’il les aimait ces “zozios”, comme il appréciait les nommer, pour se forcer à faire tout ce cirque. Mais il ne lâcherait pas l’affaire tant que cette hécatombe ne cesserait pas.
“Nombre de personnes à la Douma préfèrent s’occuper de leurs petits problèmes égocentriques, effectivement. Mais j’ai des connaissances à la Main Noire qui pourraient peut-être apporter leur aide pour trouver des informations. Ils sont efficaces quand l’un de leur membre a besoin d’aide vous savez.” Répondit-il adroitement. Il est vrai qu’il fallait bien qu’il y ai des avantages à se donner corps et âmes dans la cause. D’autant plus qu’il l’avait rejointe pour rendre son grand-père fier, alors autant lui démontrer l’intérêt d’en faire partie.
Gorislav accepta l’invitation silencieuse du vampire à s'asseoir à ses côtés. Cependant, il ne put empêcher son estomac d’être écrasé par l’ambiance pesante qui s’ensuivit, et l'absence d'attention visuelle n'aidait pas. Le remerciement de Mstislav ne fit que confirmer ses craintes quant à l’état émotionnel de l'homme qu’il considérait désormais comme son père. Il se sentait mal.
Voir la petite chouette nichée dans les bras du vampire arracha un sourire triste au sorcier. Tant de douceur pour les oiseaux venant de cet homme ayant vécu nombre de deuils et de périodes sombres. Il ne pouvait qu’être admiratif de la force de caractère de cet homme résistant à l’adversité. Gorislav resta assis lorsque son grand-père se leva. Il savait ce qu’il allait se passer. Il avait déjà vu cela pour d’autres oiseaux malades. Acquiesçant d’un signe de tête, le sorcier se leva en direction de la tombe de son arrière arrière grand-père dont les trophées emplissaient la maison et la boutique de leur éclat doré. S’emparant d’une bouteille de vodka maison, réalisée à base de patates bella rosa d’un champ voisin, il la déboucha d’un coup sec pour humer son doux parfum. Elle seule pouvait l'apaiser dans les moments difficiles.
Les prunelles tristement vides, Gorislav observa Mstislav exécuter sa manœuvre pour épargner plus de souffrances à la belle chouette. Il serra sa main sur la bouteille à la vue des cendres s’évaporant dans le vent.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
Invité
Why so serious ?
Le regard du vampire se perdit vers le scintillement silencieux des sombres eaux du lac. Était-ce la lagune qui servait de reflet à cette noirceur ondulant sous la surface des apparences, cette douce corruption de l’âme apportant l’étrange sensation de lucidité, ou était-ce l’œil orageux de Mstislav, le miroir des secrets inavouables des profondeurs de l’étendue d’eau ? Dans la fosse noire gisaient les ossements aux chairs flétries des damnés privés du souvenir et du repos éternel. Dans les chairs délaissées par la Faucheuse gisait l’esprit sans repos que les spectres hantaient par leur souvenir.
Une lassitude évidente étrennait le quotidien perclus de schémas répétés sans cesse. Les rituels d’un côté, instants suspendus apportant au moins l’illusion de la stabilité ou du contrôle ; la sensation harassante du déjà-vu, déjà-vécu, déjà-réglé, d’autre part. Un éternel recommencement dont Ouchakov aurait dû prendre l’habitude en travaillant avec les rapaces et ainsi développer des trésors de patience, qu’il ne parvenait à founir pour sa propre famille. Relents d’une éducation vouée à lui donner toutes les armes pour être débrouillard, pour survivre au beau milieu de la Sibérie si besoin était ; cendres de ses attentes jamais comblées par les plus hautes autorités de son pays ; Mstislav gouttait là au cocktail idéal du « jamais mieux servi que par soi-même ». Dommage que Tina ne fût pas là : elle aurait déploré l’amertume infecte de cet arrière-goût laissé par les déclarations du sang-mêlé.
Les vides juridiques de la Douma, le néant disparate des archives, le manque d’intérêt des bureaucrates, le vampire connaissait la chanson par cœur. Plus de surprises depuis bien des décennies à ce propos ; habitudes contractées bien avant sa condition de buveur de sang. La vacuité intersidérale et sidérante occupant l’espace entre les deux oreilles de Gorislav, en revanche, il ne s’y ferait jamais. L’œil toujours fixé sur le lac, d’une expression aussi désabusée que nonchalante, presque absente, il serait ardu de deviner s’il écoutait son petit-fils ou s’il était perdu dans ses réflexions. Les pupilles finirent par ciller, évitant alors la confrontation directe avec le soleil. Durant l’examen silencieux des cendres balayées par les vents, il se fit force de rester immobile, tel un fauve tapis dans les hautes herbes. Ses traits toutefois se paraient peu à peu d’une sévère austérité, éclatant alors à l’évidence du grand jour à la seule évocation de la Main noire.
Une narine du vampire frémit et d’une lenteur inquiétante, il tourna son attention vers Gorislav. Son regard glacé se planta dans les mirettes du sang-mêlé.« Rappelle-moi ton poste à la Douma, déjà ? » La question rhétorique rauque susurrée d’outre-tombe n’appelait pas de réponse. Le service de régulation des créatures magiques, aux dernières nouvelles. Ou était-ce devenu le service des glandus à la plage ? Puisqu’il n’y avait aucun dossier ouvert sur le sujet, puisqu’aucun agent n’avait jugé opportun de recenser le problème pour le moment… « Qu’est-ce que tu attends pour déposer un rapport ? Le dégel du Béloukha ?! » La maigre distance entre les deux hommes s’évanouit alors que d’un geste vif, Mstislav saisit le sang-mêlé à la gorge. La poigne du vampire était un étau faisant fi des résistances, dépourvu de la moindre bienveillance, un poids impitoyable capable de briser d’une précision chirurgicale la trachée ou les vertèbres. « Cinq ans que les premiers cas se sont déclarés ! Tes cousins parcourent la Russie et l’Europe et n’ont pas le temps pour remplir la paperasse du ministère mais toi… Dois-je tout dire, tout expliquer, tout faire ? Qu’adviendrait-il de cette maison si je partais seulement un an… » Une partie serait en ruines, sans doute. L’ordre naturel aurait voulu qu’il fût déjà mort et enterré comme les siens, ses parents, ses grands-parents et tous les vestiges Ouchakov l’ayant précédé. C’était pour cette raison qu’il s’était forcé à se détacher de la gestion officielle, administrative, financière des affaires. Son seul rôle restait celui de transmettre des connaissances au besoin et de donner la direction du navire familial. Pas d’abattre le travail à la place de toute une génération.
Il augmenta la pression sur la gorge de Gorislav. Visage de marbre figé en expression dédaigneuse, peu à peu le blanc de l’œil injecté de sang, la colère bouillonnante de Mstislav vint assombrir paupières et fines veinules. Le masque effrayant du monstre caressait la surface des traits humains.« Où est la Main noire, maintenant ? » Maintenant que son petit-fils avait besoin d’aide, presque suspendu au-dessus du sol tout comme au maigre fil de son existence. Sourire mauvais dépourvu de l’ordinaire étincelle de malice, le vampire attendait l’intervention miraculeuse des sbires de Raspoutine. « Ils ne sont pas ta famille, et tu n’es que leur larbin. » , siffla-t-il d’une diction lente et appuyée. Un nid à mages noirs ne serait jamais d’une grande aide ni pour l’affliction touchant les hiboux, ni la société. Leur unique bonne action fut de séparer définitivement leur monde de la souillure moldue, mais cela n’effacerait pas les ardoises des adeptes des pans les plus infâmes de la magie.
Le vampire relâcha brutalement Gorislav, le repoussant en arrière.« Notre problème de rapaces est dorénavant le tien. Je te donne un mois pour en identifier la nature : maladie magique, malédiction, maléfice, que sais-je… Démerde-toi. Mais ne t’avise pas à faire remonter à mes oreilles que les Ouchakov sont redevables de quoi que ce soit envers qui que ce soit. » Ce serait le comble, après avoir réussi à obtenir une faveur certes toute légale du directeur de la Justice magique en personne. Une légion de nuages épais assombrit l’air, et l’aura du patriarche devint menaçante. « Autrement, ce ne sera pas une chouette que j’enverrai dans les limbes. »
Une lassitude évidente étrennait le quotidien perclus de schémas répétés sans cesse. Les rituels d’un côté, instants suspendus apportant au moins l’illusion de la stabilité ou du contrôle ; la sensation harassante du déjà-vu, déjà-vécu, déjà-réglé, d’autre part. Un éternel recommencement dont Ouchakov aurait dû prendre l’habitude en travaillant avec les rapaces et ainsi développer des trésors de patience, qu’il ne parvenait à founir pour sa propre famille. Relents d’une éducation vouée à lui donner toutes les armes pour être débrouillard, pour survivre au beau milieu de la Sibérie si besoin était ; cendres de ses attentes jamais comblées par les plus hautes autorités de son pays ; Mstislav gouttait là au cocktail idéal du « jamais mieux servi que par soi-même ». Dommage que Tina ne fût pas là : elle aurait déploré l’amertume infecte de cet arrière-goût laissé par les déclarations du sang-mêlé.
Les vides juridiques de la Douma, le néant disparate des archives, le manque d’intérêt des bureaucrates, le vampire connaissait la chanson par cœur. Plus de surprises depuis bien des décennies à ce propos ; habitudes contractées bien avant sa condition de buveur de sang. La vacuité intersidérale et sidérante occupant l’espace entre les deux oreilles de Gorislav, en revanche, il ne s’y ferait jamais. L’œil toujours fixé sur le lac, d’une expression aussi désabusée que nonchalante, presque absente, il serait ardu de deviner s’il écoutait son petit-fils ou s’il était perdu dans ses réflexions. Les pupilles finirent par ciller, évitant alors la confrontation directe avec le soleil. Durant l’examen silencieux des cendres balayées par les vents, il se fit force de rester immobile, tel un fauve tapis dans les hautes herbes. Ses traits toutefois se paraient peu à peu d’une sévère austérité, éclatant alors à l’évidence du grand jour à la seule évocation de la Main noire.
Une narine du vampire frémit et d’une lenteur inquiétante, il tourna son attention vers Gorislav. Son regard glacé se planta dans les mirettes du sang-mêlé.
Il augmenta la pression sur la gorge de Gorislav. Visage de marbre figé en expression dédaigneuse, peu à peu le blanc de l’œil injecté de sang, la colère bouillonnante de Mstislav vint assombrir paupières et fines veinules. Le masque effrayant du monstre caressait la surface des traits humains.
Le vampire relâcha brutalement Gorislav, le repoussant en arrière.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
trogne : Michael Eklund (Sophia)
trigger : Aucun
pellicule :
pronom·s : Il
occupation : Agent de service de régulation des animaux magiques anti braconnage
particularité·s : Aucune
coeur : Célibataire
allégeance : Main noire
Why so serious ?
Le silence qui suivit les dernières paroles de Gorislav parut durer une éternité. Il guettait le moindre signe d’acceptation ou d'appréciation de son grand-père. Mais plus le temps avançait et plus il sentait une aura malfaisante se charger dans l’air. Le léger sourire malicieux des dernières paroles du sorcier disparu lorsque le regard hostile de la figure paternelle vint se poser sur lui. Tous les muscles de son corps se raidirent alors qu’un frisson glacé lui parcourut l’échine. Ce regard… il l’avait déjà vu…
"Je…" Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il fut soulevé de terre par le cou, l'empêchant à moitié de respirer. Malgré la surprise, l'instinct de survie lui fit plaquer sa main sur celle du vampire pour essayer de se sortir en vain de cette emprise infernale. Ses muscles étaient tétanisés par la peur. La peur de la mort.
La vue de son grand-père fondant sur lui fit remonter une terrifiante vision des limbes de son esprit. Ses oreilles bourdonnèrent jusqu’à l’acouphène. Il ne voyait plus que la bouche de Mstislav bouger, l’esprit replongé dans son lointain passé."Mamaaan !" C'était la voix d’un petit garçon de 14 ans qui implorait sa mère. Il se revoyait ce jour-là, dans le salon, pendant que le chaos faisait rage devant ses yeux. Son père allongé sur le sol se faisait dévorer par son grand-père. Le regard de ce dernier se tourna alors pour figer ses pupilles droit dans les siennes. Il sentait sa fin venir, sa mère qui le serrait dans ses bras augmenta sa prise, prête à protéger son enfant du monstre assoiffé. Puis l’image se flouta et il la vit s'éloigner puis disparaître au loin sans qu’il ne puisse agir, sans qu’il ne puisse hurler. Jamais il ne s’était réellement pardonné la disparition de sa mère, c’était par sa faute si elle était partie. C’était son choix de l’avoir délaissé au profit de son grand-père.
“Ils ne sont pas ta famille” ... “larbin” ... les mots prononcés par Mstislav résonnaient dans sa tête à mesure que l’air lui manquait. Sa vision se brouilla.
La vive douleur du choc violent de son dos contre un cailloux le ramena à la dure réalité. Gorislav serra les dents pour encaisser la collision et reprendre ses esprits, puis récupéra son air avec difficulté avant de se relever en crachant par terre. La menace planant sur lui n’était pas à prendre à la légère. Il savait que le vampire était capable des pires sentences et ne se fatiguait pas à parler dans le vent. Il aurait même pu le tuer s’il l’avait souhaité. Gorislav avait déçu, il devait se racheter et prouver qu’il n’était pas un lâche. Il avait eu le privilège du choix et il avait décidé de devenir un Ouchakov. Et il ne s’était pas donné autant de mal pour rien.
“Je trouverai l’origine de cette maladie, vous avez ma parole.” affirma-t-il, l’estomac toujours secoué. De toute manière, il n'avait pas d’autres alternatives.
Gorislav repensa alors à ce client casse-pieds qui était venu avec une commande très précise. Au vu de l’atmosphère tendue, il pourrait toujours être intéressant d’en informer Mstislav. Cela permettrait également de changer de sujet car rester fâché avec le vampire n’était jamais une bonne chose. D'autant plus que Gorislav avait besoin d'aide.
“Au fait, il y a un client agaçant qui est passé à la boutique avec une commande très spéciale. Ce n'était autre qu'Altan Rankov, le directeur de la Justice magique. Il voulait un faucon sibérien messager et chasseur de moldus. Donc capable de les traquer et de les attaquer. Le volatile devait être endurant à la haute altitude. Ah oui et… l’oiseau devait savoir se méfier des sorciers en dehors de ses livraisons. J’avais déjà eu des commandes particulières mais j’avoue que celle-ci est particulièrement compliquée.” Soupira le sorcier.
La question était de savoir comment il allait trouver un volatile pareil. Pour les hiboux il n'y avait pas de problèmes, il avait acquis assez d'expérience pour les entraîner à pratiquement toutes sortes de demandes, mais les faucons… C’était une autre paire de manches.
“Vous m’avez transmis votre passion et votre savoir concernant les hiboux et je suis à l’aise avec eux. Mais les faucons… Le dresser à la livraison de courrier je saurais comment m’y prendre. Mais pour le reste je vais avoir besoin d’aide pour cette commande. Blya ! Je ne sais pas comment le former à l’attaque et encore moins à le rendre méfiant de certains sorciers pour ses livraisons !” s’agaça-t-il en serrant les poings. Cette commande était omniprésente dans ces pensées. Un véritable casse-tête dont il ne pourrait pas se sortir seul.
La vue de son grand-père fondant sur lui fit remonter une terrifiante vision des limbes de son esprit. Ses oreilles bourdonnèrent jusqu’à l’acouphène. Il ne voyait plus que la bouche de Mstislav bouger, l’esprit replongé dans son lointain passé.
La vive douleur du choc violent de son dos contre un cailloux le ramena à la dure réalité. Gorislav serra les dents pour encaisser la collision et reprendre ses esprits, puis récupéra son air avec difficulté avant de se relever en crachant par terre. La menace planant sur lui n’était pas à prendre à la légère. Il savait que le vampire était capable des pires sentences et ne se fatiguait pas à parler dans le vent. Il aurait même pu le tuer s’il l’avait souhaité. Gorislav avait déçu, il devait se racheter et prouver qu’il n’était pas un lâche. Il avait eu le privilège du choix et il avait décidé de devenir un Ouchakov. Et il ne s’était pas donné autant de mal pour rien.
Gorislav repensa alors à ce client casse-pieds qui était venu avec une commande très précise. Au vu de l’atmosphère tendue, il pourrait toujours être intéressant d’en informer Mstislav. Cela permettrait également de changer de sujet car rester fâché avec le vampire n’était jamais une bonne chose. D'autant plus que Gorislav avait besoin d'aide.
La question était de savoir comment il allait trouver un volatile pareil. Pour les hiboux il n'y avait pas de problèmes, il avait acquis assez d'expérience pour les entraîner à pratiquement toutes sortes de demandes, mais les faucons… C’était une autre paire de manches.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
Invité
Why so serious ?
Aux promesses – toujours des promesses ! Il se moquait des mots et n’attendait que des actes – formulées d’une voix aigre et étranglée, le vampire émit un grondement. Ni satisfait, ni inoffensif. Les pupilles dilatées par l’accès de colère noyaient l’ordinaire scintillement bleuté d’un funeste rappel : les eaux les plus claires des banquises immaculées du Nord menaient droit vers les profondeurs inexplorées, peuplées de monstres marins, que nulle lumière ne perçait jamais. Mstislav se détourna, poings sur les hanches, retrouvant un semblant de calme d’une lente inspiration faisant frémir ses narines, et d’un roulement d’épaule déverrouillant sa carcasse tiédie par l’aube. L’inconfort des recherches nocturnes en forêt s’évaporait avec la rosée du jour nouveau. Au moins, pour un temps, pouvait-il délaisser son intérêt soucieux de la santé des chouettes et, mieux encore, ne pas entendre parler de la Main noire de sitôt.
Un autre sujet fut abordé. Et s’il y avait bien une personne dont il ne s’attendait pas à entendre le nom, ni sur ses terres ni de la bouche de Gorislav, c’était bien Altan Rankov. Un client agaçant avec une commande spéciale, hein ? Il l’imaginait sans peine, conscient qu’un sorcier pareil ne se déplaçait jamais sans savoir exactement ce qu’il voulait. Voilà qu’à présent, le directeur de la Justice magique investissait son territoire, ce dôme de nature loin de Saint-Pétersbourg, vierge de trépidations politiques et sociétales, comme si avoir envahi les pompes funèbres ne suffisait pas. Une pommette de Mstislav tressauta et ses mâchoires se contractèrent : un peu d’agacement résiduel, certes – dû à l’enquête et à l’inertie affligeante de son petit-fils quant aux plans d’action à mener pour la survie de la famille –, mêlé toutefois à une pointe d’espièglerie. La liste des doléances n’en finissait pas pour dresser le portrait du faucon idéal, creusant la tombe de désespoir d’un Gorislav qui n’avait jamais eu à frayer avec autre chose que des rapaces nocturnes.
Le vampire pivota, observa les rouages édentés tourner dans le vide des mirettes perdues du sang-mêlé. Mèches cendrées dévorant son front repoussées en arrière d’un mouvement songeur, sa réflexion se transposa vers de lointains souvenirs, d’enfance pour la plupart. Le mentor, la figure d’autorité et de savoir avait gravé dans sa mémoire de nombreux détails qui savaient servir en temps utiles. Son grand-père avait été de la dernière génération cosaque à vivre en nomade et à fournir des rapaces diurnes élevés pour la chasse. La Sibérie, immense et sauvage, Mstislav et son frère y avaient menés de nombreux voyages en compagnie du vieillissant maître fauconnier. Pas des parties de plaisir, en l’occurrence : Vladislav était plus rude encore que le climat des steppes.« Altan Rankov… » , soupira-t-il finalement en levant les yeux au ciel. Ils ne pouvaient se permettre de décevoir le directeur. Pour quoi passerait-il, sinon ? « Ce n’est pas un faucon mais un Autour des palombes. Accipiter Gentilis Albidus, qu’on trouve majoritairement au nord-est de la Sibérie. Du moins, c’est l’espèce que je recommanderais à monsieur Rankov, même si ce n’était pas celle qu’il avait en tête. » Avait-il voulu piéger Gorislav ou n’était-ce qu’une petite entorse de langage à attribuer à ses origines non russophones ?
Il résuma brièvement les atouts de cette espèce à son petit-fils, même si de plus amples informations seraient nécessaires plus tard.« C’est un rapace redoutable, un super-prédateur même – malgré sa taille modeste, avec l’un des vols les plus rapides en accélération sur trajectoire horizontale. Rares sont les fauconniers à le choisir parce qu’il est particulièrement farouche : on ne gagne pas sa confiance aisément. Un bon point pour cette interminable liste de critères. » Sourire caustique. « En revanche, il faudra demander ce qu’il avait en tête par « haute altitude » : on les voit rarement voler au-delà de 2 000 mètres. » Le vampire haussa les épaules, rangea la bouteille d’alcool d’un mouvement de baguette et prit la direction de leur demeure. Sur le chemin dans les herbes folles, il ajouta : « Pour la chasse ordinaire, ce sera assez… simple, en misant sur l’agressivité et l’instinct de prédation de l’Autour. En fait… la livraison de courrier sera le point le plus délicat. » Bien que ce rapace ne s’attaquait qu’à de petites proies, mammifères des forêts comme les écureuils, les lapins… ou les oiseaux du gabarit des corneilles, il était relativement aisé de lui apprendre à s’en prendre à plus gros que lui. Acclimatation, associations d’idées… Un sourire carnassier releva les lippes de Mstislav sur ses crocs.
A l’intérieur de la maison, ils déboulèrent dans l’ancien bureau de Vladislav. Large pièce entièrement boisée, une longue table rustique accueillait des cartes, les murs des étagères croulant sous les carnets et les parchemins poussiéreux. Ici flottaient en silence les secrets les plus précieux des Ouchakov. Mstislav dut farfouiller un peu pour s’y retrouver mais lâcha une brève exclamation victorieuse en mettant la main sur le carnet qu’il cherchait. Il feuilleta quelques pages garnies de notes et de schémas parfois, d’un trait d’encre fin, sec et rapide.« Concernant la traque des moldus, tu auras besoin… de moldus à ta disposition. Homme, femme, enfant. Le rapace – je préconise le choix d’une femelle, plus grande, meilleur instinct protecteur traduit en agressivité – devra apprendre à faire la différence entre un sorcier et un moldu. Son sens de l’odorat ne suffira pas, contrairement aux vautours… Il faudra donc user de quelques enchantements. » Avec de l’expérience, il était possible de pousser la différenciation au type de sang des sorciers, pour aussi faire de la chasse aux nés-moldus. La tâche n’était cependant pas évidente et l’ensemble de l’éducation prendrait… du temps. Et la participation du futur propriétaire.
Il déposa le carnet à la bonne page sur la table, puis s’assit à son bord, nonchalant, bras croisés sur son torse.« C’est quoi, le délai qu’il t’a donné ? Avant-hier, connaissant le spécimen… » Un soupçon de mauvaise foi ? A peine !
Un autre sujet fut abordé. Et s’il y avait bien une personne dont il ne s’attendait pas à entendre le nom, ni sur ses terres ni de la bouche de Gorislav, c’était bien Altan Rankov. Un client agaçant avec une commande spéciale, hein ? Il l’imaginait sans peine, conscient qu’un sorcier pareil ne se déplaçait jamais sans savoir exactement ce qu’il voulait. Voilà qu’à présent, le directeur de la Justice magique investissait son territoire, ce dôme de nature loin de Saint-Pétersbourg, vierge de trépidations politiques et sociétales, comme si avoir envahi les pompes funèbres ne suffisait pas. Une pommette de Mstislav tressauta et ses mâchoires se contractèrent : un peu d’agacement résiduel, certes – dû à l’enquête et à l’inertie affligeante de son petit-fils quant aux plans d’action à mener pour la survie de la famille –, mêlé toutefois à une pointe d’espièglerie. La liste des doléances n’en finissait pas pour dresser le portrait du faucon idéal, creusant la tombe de désespoir d’un Gorislav qui n’avait jamais eu à frayer avec autre chose que des rapaces nocturnes.
Le vampire pivota, observa les rouages édentés tourner dans le vide des mirettes perdues du sang-mêlé. Mèches cendrées dévorant son front repoussées en arrière d’un mouvement songeur, sa réflexion se transposa vers de lointains souvenirs, d’enfance pour la plupart. Le mentor, la figure d’autorité et de savoir avait gravé dans sa mémoire de nombreux détails qui savaient servir en temps utiles. Son grand-père avait été de la dernière génération cosaque à vivre en nomade et à fournir des rapaces diurnes élevés pour la chasse. La Sibérie, immense et sauvage, Mstislav et son frère y avaient menés de nombreux voyages en compagnie du vieillissant maître fauconnier. Pas des parties de plaisir, en l’occurrence : Vladislav était plus rude encore que le climat des steppes.
Il résuma brièvement les atouts de cette espèce à son petit-fils, même si de plus amples informations seraient nécessaires plus tard.
A l’intérieur de la maison, ils déboulèrent dans l’ancien bureau de Vladislav. Large pièce entièrement boisée, une longue table rustique accueillait des cartes, les murs des étagères croulant sous les carnets et les parchemins poussiéreux. Ici flottaient en silence les secrets les plus précieux des Ouchakov. Mstislav dut farfouiller un peu pour s’y retrouver mais lâcha une brève exclamation victorieuse en mettant la main sur le carnet qu’il cherchait. Il feuilleta quelques pages garnies de notes et de schémas parfois, d’un trait d’encre fin, sec et rapide.
Il déposa le carnet à la bonne page sur la table, puis s’assit à son bord, nonchalant, bras croisés sur son torse.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
trogne : Michael Eklund (Sophia)
trigger : Aucun
pellicule :
pronom·s : Il
occupation : Agent de service de régulation des animaux magiques anti braconnage
particularité·s : Aucune
coeur : Célibataire
allégeance : Main noire
Why so serious ?
Le dépit de Mstislav en réponse au nom du client pénible en disait long pour Gorislav. Et oui, il fallait que le client soit une figure importante de l'administration sorcière pour pimenter le tout.
Gorislav écouta attentivement les conseils de son grand-père. Il n’y avait rien de plus précieux que l’expérience de ce dernier. Un Autour des palombes… le sorcier ne connaissait pas ce rapace. En même temps, il était difficile de tous les connaître. Il sortit un petit carnet de sa poche puis une plume enchantée, pour écrire sans pot à encre à côté, et pris des notes. Décidément le vampire était un véritable puit de connaissances ! Au fil des détails Gorislav se rendit compte à quel point cette espèce d'oiseaux serait adaptée à la demande du Directeur de la Justice magique. On ne gagnait pas sa confiance aisément… effectivement un bon point d'un côté mais qui compliquera la capture de l'oiseau de l'autre. Rien n'était jamais parfait.
"Je lui demanderai pour la haute altitude, de toute manière je lui ai dit que je le recontacterai pour lui faire des propositions une fois que j'aurai eu plus d'informations." précisa Gorislav.
Le sorcier releva ensuite la tête de son calepin pour suivre du regard la bouteille qui vola jusque dans la tombe où elle en avait été délogée. Un sacré personnage son arrière grand-père ne put-il s'empêcher de penser avant d'emboiter le pas du vampire.
La fraîcheur du matin était toujours présente à mesure que le soleil se levait. Un temps idéal pour batifoler dehors s’il n’y avait eu cette charge émotionnelle liée à cette commande.
“Et que me conseillez-vous pour l'entraînement à la livraison ? Car je me doute que la méthode n'est pas la même que pour les hiboux.” La réponse était sans nulle doute évidente pour le vampire mais pas pour le sorcier. Les hiboux possédaient un bon sens de l'orientation doublé d’un coup de pouce magique ce qui leur permettait d'être d’excellents facteurs, mais ce n’était pas le cas des faucons ; eux étaient principalement des chasseurs, pas de livreurs.
Perdu une nouvelle fois dans ces réflexions, Gorislav manqua de ne faire qu’un avec le sol en trébuchant sur la première marche menant au palier de la maison.“Merde !” murmura-t-il en se rattrapant de justesse. Vivement une bonne nuit de sommeil.
Le bureau dans lequel Mstislav l’avait conduit était empli d’une aura particulière, c’était celui du plus grand fauconnier de la lignée. Celui-là même dont ils venaient de quitter le lieu de repos éternel en y redéposant la liqueur tant appréciée. L’odeur de vieux papiers couplé à la poussière d’antan planait dans l’air. Cette dernière voleta en apesanteur durant les recherches archéologiques de son grand-père qui en sortit un livre dont il parcourut rapidement le contenu. Ainsi il lui faudrait enlever des moldus pour le bien de l'entraînement de l’oiseau… un large sourire machiavélique étira ses lèvres, voilà qui devenait amusant. Altan Rankov étant également membre de la Main Noire, cette perspective ne devrait aucunement le déranger.
Il prit le carnet mais, avant d’avoir eu le temps de le lire, fut interpellé par la dernière phrase de Mstislav. Son grand-père vampirique connaissait donc un membre important de la Main Noire alors que seulement quelques minutes plus tôt il était en train de le sermonner à cause de la simple évocation de cette organisation ?? Un léger haussement de sourcils intrigué se matérialisa sur le visage de Gorislav. Il aimerait beaucoup en savoir plus à ce propos.
“Il m’a précisé qu’il voulait que la commande soit terminée avant le début de l’hiver, j’en déduis vers le mois de novembre.” répondit-il avant de continuer “Vous connaissez donc Altan Rankov ? D’où le connaissez-vous ?” La question était véritable, un homme comme le Directeur de la Justice magique fréquentant son grand-père méritait bien quelques détails explicatifs.
Gorislav écouta attentivement les conseils de son grand-père. Il n’y avait rien de plus précieux que l’expérience de ce dernier. Un Autour des palombes… le sorcier ne connaissait pas ce rapace. En même temps, il était difficile de tous les connaître. Il sortit un petit carnet de sa poche puis une plume enchantée, pour écrire sans pot à encre à côté, et pris des notes. Décidément le vampire était un véritable puit de connaissances ! Au fil des détails Gorislav se rendit compte à quel point cette espèce d'oiseaux serait adaptée à la demande du Directeur de la Justice magique. On ne gagnait pas sa confiance aisément… effectivement un bon point d'un côté mais qui compliquera la capture de l'oiseau de l'autre. Rien n'était jamais parfait.
Le sorcier releva ensuite la tête de son calepin pour suivre du regard la bouteille qui vola jusque dans la tombe où elle en avait été délogée. Un sacré personnage son arrière grand-père ne put-il s'empêcher de penser avant d'emboiter le pas du vampire.
La fraîcheur du matin était toujours présente à mesure que le soleil se levait. Un temps idéal pour batifoler dehors s’il n’y avait eu cette charge émotionnelle liée à cette commande.
Perdu une nouvelle fois dans ces réflexions, Gorislav manqua de ne faire qu’un avec le sol en trébuchant sur la première marche menant au palier de la maison.
Le bureau dans lequel Mstislav l’avait conduit était empli d’une aura particulière, c’était celui du plus grand fauconnier de la lignée. Celui-là même dont ils venaient de quitter le lieu de repos éternel en y redéposant la liqueur tant appréciée. L’odeur de vieux papiers couplé à la poussière d’antan planait dans l’air. Cette dernière voleta en apesanteur durant les recherches archéologiques de son grand-père qui en sortit un livre dont il parcourut rapidement le contenu. Ainsi il lui faudrait enlever des moldus pour le bien de l'entraînement de l’oiseau… un large sourire machiavélique étira ses lèvres, voilà qui devenait amusant. Altan Rankov étant également membre de la Main Noire, cette perspective ne devrait aucunement le déranger.
Il prit le carnet mais, avant d’avoir eu le temps de le lire, fut interpellé par la dernière phrase de Mstislav. Son grand-père vampirique connaissait donc un membre important de la Main Noire alors que seulement quelques minutes plus tôt il était en train de le sermonner à cause de la simple évocation de cette organisation ?? Un léger haussement de sourcils intrigué se matérialisa sur le visage de Gorislav. Il aimerait beaucoup en savoir plus à ce propos.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
Invité
Au fond, il était triste de constater que peu à peu, l’héritage d’une famille nomade qui pendant des siècles n’avait vécu que pour les rapaces, avait fini par s’évaporer, ne laissant que des vestiges, des souvenirs au mieux, quelques écrits et l’amère sensation d’une gloire passée. On connaissait toujours les Ouchakov pour les hiboux et les chouettes, mais que restait-il des rapaces diurnes taillés pour la chasse accompagnant les fiers cavaliers des steppes pontiques ? Gerfauts, pèlerins, aigles et éperviers n’étaient plus à la mode des salons sorciers ni utiles aux modes de vie urbains. Autrefois, certains clans cosaques ne s’étaient pas contentés de gibier, et à la promulgation de la loi du Secret magique, s’étaient fait un devoir de pourchasser le moindre moldu qui aurait eu le malheur de croiser leur route. Les traditions les plus amusantes s’étaient perdues, dommage.
Et en observant le sang-mêlé accroché à son petit carnet de notes, le vampire songea au bon vieux Vladislav qui se retournait sûrement dans sa tombe non loin d’eux, lui qui avait connu les derniers soubresauts de cet art exigeant. La perte du savoir-faire n’était pas totale, tout n’était pas encore devenu occulte mais Mstislav vit soudainement les conséquences de ses propres choix. Il s’était éloigné de cette voie alors même que son frère avait disparu. Regrettait-il ? On ne pouvait passer l’éternité à entretenir des regrets ; le passé était un monolithe qu’on ne pouvait fracasser ni enterrer. Ruminer ses échecs et cette rage aussi brûlante que dangereuse qui l’avait toujours mis en mouvement était une tâche suffisante, inutile de s’attarder sur le reste. Le flambeau avait été passé malgré tout et il imaginait mal les anciennes traditions revenir sur le tapis d’un nouveau siècle tonitruant et résolument moderne.
Il n’y avait bien qu’un original comme Rankov pour à l’occasion créer ce genre de demande et le vampire se demanda un instant pour quelle raison le directeur n’avait pas directement fait appel aux fauconniers de sa région. Les héritiers du grand empire de Gengis avaient après tout conservé tout ou partie de leurs coutumes nomades autour de Baïkal. L’occasion de sa rencontre avec le bouriate lui avait permis de renouer sa correspondance avec son vampire-sire, celui qui l’avait transformé. Et obtenu confirmation qu’autrefois, le juvénile qu’il fut avait été au contact du clan Rankov, et au gré de leurs mouvements, de ceux d’autres sang-purs. On s’y partageait la chasse des moldus. Le bon vieux temps.
La voix de Gorislav l’arracha à ses souvenirs et un voile sombre s’abattit sur le regard du patriarche Ouchakov. Il ne répondit pas de suite, gagnant l’intérieur de la demeure, et émit un grondement discret mais féroce à la grossièreté et la maladresse de son petit-fils.« Ces rapaces-là ne sont pas faits pour transporter des charges lourdes. L’oiseau ne sera entrainé qu’à livrer du courrier léger. Des lettres, et mieux encore, des messages courts sur bandes de parchemin enroulées autour d’une patte. » Les hiboux avaient une meilleure capacité de charge parce que leur passif avec le monde magique était plus important : on suspectait des sortilèges avoir lié les rapaces nocturnes aux sorciers. Une très vieille magie qui n’avait pas autant affecté les faucons ou les aigles. Alors ces raretés d’autours… Dans le bureau, après son exposé succinct de l’espèce, il ne laissa guère le temps au sang-mêlé de savourer l’idée d’une traque aux moldus.
« La magie a rendu les hiboux plus commodes à entrainer et à utiliser. Pour cette commande… Ton cousin Vélislav a déjà de l’expérience avec des aigles des steppes, il saura y faire et l’autour aura besoin d’une attention à temps plein. Tu pourras l’aider sur ton temps libre en obéissant à ses instructions. Ton travail à toi est à la Douma et sur une autre mission. » Ses derniers mots prononcés sèchement, sa décision ne souffrait aucune discussion. L’oiseau de Rankov serait entrainé par un Ouchakov dont c’était le métier, secondé par l’expérience du vampire pour les phases les plus délicates.
Un soupir siffla à travers les lèvres du vampire, maugréant sur le délais demandé. Rien que ça… Oui, vraiment, ce serait un travail intense à temps plein et ils n’auraient pas le droit à l’erreur. La curiosité de Gorislav lui souleva un sourcil. N’avait-il donc pas le droit de connaître le directeur de la Justice magique ? Ou d’avoir des relations avec des personnes haut-placées ? Ah, oui, certes, la Main noire. Il fallait bien une exception à la règle et Rankov l’avait agréablement surpris sur ce chapitre.« Pourquoi cet air étonné ? Je suis un ancien flic et un vampire et dans d’autres circonstances, dans un autre temps, il aurait pu être mon patron… Il est passé me trouver à la morgue, un matin. Paraît-il, je suis une véritable célébrité dans les bureaux de la police. Ils n’ont toujours pas digéré ma dernière visite, je crois. » Pas étonnant, il les avait rabaissés plus bas que terre en claquant la porte. Seul un Berkovitch aurait fait mieux en matière de lynchage verbal. « Je ne sais pas trop quelle mouche l’a piqué, ce 28 avril, pour m’interroger sur cette vieille histoire et montrer de l’intérêt au problème du marché noir. » Haussement d’épaules. Il savait très bien quelle mouche : celle de la décomposition d’un cadavre trouvé sur une place publique peu avant l’aube, quelques jours plus tôt.
Et en observant le sang-mêlé accroché à son petit carnet de notes, le vampire songea au bon vieux Vladislav qui se retournait sûrement dans sa tombe non loin d’eux, lui qui avait connu les derniers soubresauts de cet art exigeant. La perte du savoir-faire n’était pas totale, tout n’était pas encore devenu occulte mais Mstislav vit soudainement les conséquences de ses propres choix. Il s’était éloigné de cette voie alors même que son frère avait disparu. Regrettait-il ? On ne pouvait passer l’éternité à entretenir des regrets ; le passé était un monolithe qu’on ne pouvait fracasser ni enterrer. Ruminer ses échecs et cette rage aussi brûlante que dangereuse qui l’avait toujours mis en mouvement était une tâche suffisante, inutile de s’attarder sur le reste. Le flambeau avait été passé malgré tout et il imaginait mal les anciennes traditions revenir sur le tapis d’un nouveau siècle tonitruant et résolument moderne.
Il n’y avait bien qu’un original comme Rankov pour à l’occasion créer ce genre de demande et le vampire se demanda un instant pour quelle raison le directeur n’avait pas directement fait appel aux fauconniers de sa région. Les héritiers du grand empire de Gengis avaient après tout conservé tout ou partie de leurs coutumes nomades autour de Baïkal. L’occasion de sa rencontre avec le bouriate lui avait permis de renouer sa correspondance avec son vampire-sire, celui qui l’avait transformé. Et obtenu confirmation qu’autrefois, le juvénile qu’il fut avait été au contact du clan Rankov, et au gré de leurs mouvements, de ceux d’autres sang-purs. On s’y partageait la chasse des moldus. Le bon vieux temps.
La voix de Gorislav l’arracha à ses souvenirs et un voile sombre s’abattit sur le regard du patriarche Ouchakov. Il ne répondit pas de suite, gagnant l’intérieur de la demeure, et émit un grondement discret mais féroce à la grossièreté et la maladresse de son petit-fils.
Un soupir siffla à travers les lèvres du vampire, maugréant sur le délais demandé. Rien que ça… Oui, vraiment, ce serait un travail intense à temps plein et ils n’auraient pas le droit à l’erreur. La curiosité de Gorislav lui souleva un sourcil. N’avait-il donc pas le droit de connaître le directeur de la Justice magique ? Ou d’avoir des relations avec des personnes haut-placées ? Ah, oui, certes, la Main noire. Il fallait bien une exception à la règle et Rankov l’avait agréablement surpris sur ce chapitre.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
trogne : Michael Eklund (Sophia)
trigger : Aucun
pellicule :
pronom·s : Il
occupation : Agent de service de régulation des animaux magiques anti braconnage
particularité·s : Aucune
coeur : Célibataire
allégeance : Main noire
Why so serious ?
Il n’était pas difficile de deviner que le vampire était nostalgique d’une autre époque. Cela s’était lu dans son regard avant de partir en direction de la maison et du bureau du plus grand maître fauconnier de la famille. Gorislav se disait qu’à sa place il aurait sans doute été pareil. Ce n’était pas que le sorcier avait oublié l’art de la fauconnerie, c’est juste qu’on ne lui avait jamais appris autre chose que de travailler avec des hiboux et des chouettes. Et c’est en cela qu’il ne put nier ses lacunes. C’était un art vaste et complexe dont il ne maîtrisait qu’une petite partie.
Le sorcier continua d’écouter attentivement Mstislav. Ainsi l'oiseau ne pourrait pas porter de charges lourdes... Tant pis. De toute manière, le Directeur de la Justice magique avait uniquement parlé de livraisons sans préciser le contenu de ces dernières, le plus important étant les lettres, il n’aurait pas intérêt à se plaindre. Surtout que l’oiseau possédait de nombreux autres atouts.
Le sourire de Gorislav, qui s’imaginait déjà enlever des moldus, s’envola aussi rapidement qu’il n’était apparu. Donc ce ne sera pas lui qui s'occupera de dresser l'Autour... Du moins partiellement. En un sens, la décision était relativement logique, surtout au vu du court délai demandé. Vélislav était bien plus compétent dans ce domaine, et puis cela enlèvera un poids des épaules du sorcier, mais une pointe de déception déforma légèrement sa bouche. Cette commande aurait été une grande occasion de montrer de quoi il était capable, et l'appel du challenge avait quelque chose de grisant malgré tout le mal qu’elle lui donnait. Mais une chose était sûre, la voix intransigeante de la figure paternelle ne laissait pas place à la négociation. D’autant plus que Gorislav avait effectivement une autre mission en parallèle qui risquait de lui faire perdre des plumes s'il n’y arrivait pas d’ici un mois. Trouver la nature de la maladie des hiboux. Et il avait donné sa parole.
Cependant il restait un détail important. L’Autour n’allait pas arriver tout seul avec ses petites ailes, et vu l’emploi du temps bien rempli de son cousin, il était fort possible qu’il ne puisse pas s’en charger lui-même. Gorislav ne pourrait pas s’en occuper tout seul mais avec l’aide du vampire la mission ne serait pas impossible.
“J’irai l’aider aussi souvent que je le pourrais, ça me permettra d’en apprendre plus. Cependant je doute qu’il n’ait le temps d’aller chercher l’Autour lui-même puisque sa présence à la volière est requise de manière quasi permanente. Et le délai très court nous oblige à aller capturer l’oiseau rapidement pour avoir le temps de l’éduquer. Je n’ai pas toutes les compétences pour m’en charger seul mais si vous m’accompagnez, nous y arriverons. C’est pourquoi je vous propose d’y aller ensemble.” La tâche était ardue et deux personnes n'étaient jamais de trop.
Le mécontentement du vampire qui suivit l’annonce du délai était prévisible. Encore une fois, la mission aurait été trop simple sans une petite pression temporelle. En revanche, Gorislav fit fi de la surprise du vampire suite à son questionnement à propos d’Altan Rankov. Mais la réponse qui en découla fut plus que très inattendue. Le 28 avril… Cette date fit mouche dans sa mémoire. Il se souvenait parfaitement où il était ce jour-là. Une énième nuit blanche à traquer un braconnier l’avait amené à se traîner dans les entrailles tortueuses de Potapov. Il se revoyait, tel une ombre longeant les murs glacés, expulsant des volutes de vapeur à chaque respiration et luttant contre une fatigue omniprésente qui plombait le corps et embrumait l’esprit. Continuant de chercher dans ses souvenirs, Gorislav attrapa une chaise pour s'y asseoir à califourchon, l’air grave.
“Il m’est justement arrivé quelque chose d'étrange ce matin-là... J’étais en ville, en train de passer une énième nuit blanche à traquer un braconnier. Mon indic avait été formel, cette raclure sévissait dans les ruelles reculées pour vendre diverses marchandises braconnées, allant de la simple plume à des membres entiers. Je m'étais forcé de continuer à le chercher pour arrêter ce massacre et avoir le plaisir de lui coller mon poing dans les dents.” Il serra les poings sur le dossier de la chaise. “A force de parcourir les rues, j’ai fini par tomber sur ma proie. Je l’ai suivi mais j’ai été stoppé par le passage en panique d'une patrouille complète d'agents des forces magiques, me faisant perdre ma cible. Et peu après je les ai entendus siffler pour signaler un crime.” Il releva les yeux pour poser son regard dans celui du vampire, soudain parcouru d’un frisson le long du dos. “J’ai pu distinguer quelque chose sur la place Krug Arog malgré que les agents m’aient refusé l’accès à la place. Il y avait une table de banquet, éclairée à la lueur de bougies et… une silhouette blanche immobile, macabrement attablée.” Le silence qui suivit cette lugubre description était pesant.
“Je me souviens néanmoins avoir vu quelqu’un de louche se diriger vers la place Krug Arog lorsque je cherchais le braconnier… j’avais même d’abord cru que c’était lui mais cette personne ne semblait pas correspondre à la description qu’on m’avait donné.” ajouta-t-il.
Le sorcier continua d’écouter attentivement Mstislav. Ainsi l'oiseau ne pourrait pas porter de charges lourdes... Tant pis. De toute manière, le Directeur de la Justice magique avait uniquement parlé de livraisons sans préciser le contenu de ces dernières, le plus important étant les lettres, il n’aurait pas intérêt à se plaindre. Surtout que l’oiseau possédait de nombreux autres atouts.
Le sourire de Gorislav, qui s’imaginait déjà enlever des moldus, s’envola aussi rapidement qu’il n’était apparu. Donc ce ne sera pas lui qui s'occupera de dresser l'Autour... Du moins partiellement. En un sens, la décision était relativement logique, surtout au vu du court délai demandé. Vélislav était bien plus compétent dans ce domaine, et puis cela enlèvera un poids des épaules du sorcier, mais une pointe de déception déforma légèrement sa bouche. Cette commande aurait été une grande occasion de montrer de quoi il était capable, et l'appel du challenge avait quelque chose de grisant malgré tout le mal qu’elle lui donnait. Mais une chose était sûre, la voix intransigeante de la figure paternelle ne laissait pas place à la négociation. D’autant plus que Gorislav avait effectivement une autre mission en parallèle qui risquait de lui faire perdre des plumes s'il n’y arrivait pas d’ici un mois. Trouver la nature de la maladie des hiboux. Et il avait donné sa parole.
Cependant il restait un détail important. L’Autour n’allait pas arriver tout seul avec ses petites ailes, et vu l’emploi du temps bien rempli de son cousin, il était fort possible qu’il ne puisse pas s’en charger lui-même. Gorislav ne pourrait pas s’en occuper tout seul mais avec l’aide du vampire la mission ne serait pas impossible.
Le mécontentement du vampire qui suivit l’annonce du délai était prévisible. Encore une fois, la mission aurait été trop simple sans une petite pression temporelle. En revanche, Gorislav fit fi de la surprise du vampire suite à son questionnement à propos d’Altan Rankov. Mais la réponse qui en découla fut plus que très inattendue. Le 28 avril… Cette date fit mouche dans sa mémoire. Il se souvenait parfaitement où il était ce jour-là. Une énième nuit blanche à traquer un braconnier l’avait amené à se traîner dans les entrailles tortueuses de Potapov. Il se revoyait, tel une ombre longeant les murs glacés, expulsant des volutes de vapeur à chaque respiration et luttant contre une fatigue omniprésente qui plombait le corps et embrumait l’esprit. Continuant de chercher dans ses souvenirs, Gorislav attrapa une chaise pour s'y asseoir à califourchon, l’air grave.
- Résumé:
- Gorislav commence à parler de ce qu'il a vu dans la matinée du 28 avril sur la place Krug Arog alors qu'il traquait un braconnier.
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
Invité
Le vampire apposa un regard acéré sur son petit-fils, dénué d’émotions mais vif comme l’acier, froid, brillant, bleuté, d’une lame aiguisée. Comme si à travers les chairs à nue, il creusait le moindre pouce de son âme échevelée. La proposition était un appel lancé, un appât peut-être, ou une bouteille à la mer, d’un besoin d’attention. Mais aussi une idée pragmatique car urgence il y avait, en effet. Tout le monde était débordé dans cette famille, surtout les rares qualifiés pour aller capturer un Autour. L’attention de Mstislav dériva vers la grosse horloge au lent balancier : au-dessus des heures s’affichaient la date du jour et la période lunaire. « Hm. Possible. Je dois me pencher sur cette expédition. » , murmura-t-il. D’un soupir songeur, se pencha-t-il vers une large table noyée sous de vieux parchemins, qu’il écarta et dégagea d’un large mouvement de bras, dégageant ainsi une immense carte animée de Russie et ses pays limitrophes. Y étaient notés les nombreux recensements et regroupements d’espèces sauvages observées au fil des ans, évoluant en fonction des saisons. Quelques instants nécessaires pour repérer l’Autour des palombes, tout alors qu’il écoutait le récit de Gorislav. Une traque de braconnier de plus, et la chasse s’était transformée…
Les lieux, la description de la scène macabre et de la patrouille pressée laissèrent le patriarche silencieux. Il faisait mine d’être concentré sur sa carte ; en vérité son esprit s’était déjà échappé pour se fixer à nouveau sur cette sordide enquête dont ce n’était pas son travail. Il devait être maudit pour être ainsi poursuivi, au point que même un membre de sa famille avouait être témoin d’une affaire… explosive et presque tenue au secret d’État ! Le petit n’en avait pas conscience, bien sûr… Parce qu’il s’en trouvait tous les jours, à l’aube, des places où subitement apparaissaient des tables de banquet et des mariées immobiles et aussi joyeuses que des croque-morts ! Mstislav se pinça le haut de l’arête nasale, se massa les poches sous ses yeux puis les tempes.
« A quoi ressemblaient-ils ? Ton braconnier… et l’autre personne. Tu dis qu’il avait l’air louche : en quoi l’était-il ? » Ou elle… S’agissait-il de l’assassin ou d’une personne tierce ? Un autre lève-tôt pressé ou la personne ayant dressé le festin destiné à faire frémir la cité ? Les vieilles habitudes des interrogatoires. Poser des questions était tout un art, pas uniquement pour obtenir la vérité, mais pour avoir le plus de détails possibles. Le braconnier, Mstislav s’en fichait comme d’une guigne : à refourguer sa merde dans les rues directement, il ne risquait pas d’être associé à Nikhil. De toute façon ils avaient un accord sur la tête de Gorislav… Pas sûr que ce soit une bonne idée que le concerné l’apprenne. « Pourquoi y aurait-il eu un banquet avec un seul convive, la nuit, à Krug Arog ? » Il haussa les épaules d’un œil sceptique, comme s’il ne croyait pas cette partie du récit. Après tout, lui n’était au courant de rien. « Tu as eu des ennuis avec les policiers ? » L’œil se fit suspicieux, en bon vampire qui n’aimait pas qu’on lui cache des choses. Les flics lui avaient peut-être posé des questions : après tout, que faisait-il à cette heure-ci à proximité d’une scène de crime ? Ou bien avait-il témoigné… si seulement. En fonction des détails dont le jeune oiseau se souvenait, ce pouvait permettre un avancement important dans le travail des enquêteurs. Pourquoi cela devait-il lui tomber dessus… ?
Les lieux, la description de la scène macabre et de la patrouille pressée laissèrent le patriarche silencieux. Il faisait mine d’être concentré sur sa carte ; en vérité son esprit s’était déjà échappé pour se fixer à nouveau sur cette sordide enquête dont ce n’était pas son travail. Il devait être maudit pour être ainsi poursuivi, au point que même un membre de sa famille avouait être témoin d’une affaire… explosive et presque tenue au secret d’État ! Le petit n’en avait pas conscience, bien sûr… Parce qu’il s’en trouvait tous les jours, à l’aube, des places où subitement apparaissaient des tables de banquet et des mariées immobiles et aussi joyeuses que des croque-morts ! Mstislav se pinça le haut de l’arête nasale, se massa les poches sous ses yeux puis les tempes.
- Résumation:
- Au témoignage de Gorislav, le vampire lui pose des questions supplémentaires pour tenter de déterminer ce qu'il a vraiment vu. A quoi ressemblait ce suspect ? Tout en tentant de noyer le poisson...
FORMULAIRE CRÉÉ PAR ICE AND FIRE. (2022)
|
|